« L’effet oasis ». L’oasis est un agro-système construit et maintenu par l’Homme à partir d’une gestion rigoureuse des ressources naturelles. Dans un environnement soumis à l’aridité extrême, l’eau est une condition essentielle à la création d’une oasis pour le maintien d’une densité végétale importante et pour l’humification de l’air. L’oasis traditionnelle se caractérise par la superposition de trois étages : la strate arborée avec le palmier dattier qui culmine de 15 à 30 m et dont les feuilles filtrent les rayons du soleil, la strate arbustive (ex : henné, grenadiers…) avec des vignes accrochées aux palmiers et des arbres fruitiers (ex : pommiers, orangers, abricotiers, pêchers…) et la strate herbacée avec les plantes basses pour le fourrage (luzerne, blé …), le maraîchage avec de nombreuses variétés oasiennes, des plantes aromatiques et médicinales. Les plantes fourragères alimentent les troupeaux qui, par leurs déjections, entretiennent la fertilité des sols.
Cette superposition a pour conséquence de créer « l’effet oasis », microclimat interne à l’oasis, créé sous la protection du palmier : humidité, chaleur et lumière propice aux systèmes de culture et d’élevage permettant d’optimiser l’espace dans un milieu où les terres fertiles sont rares.
Le rôle et la vulnérabilité des oasis. Les oasis sont des écosystèmes constitutifs des zones arides et représentent environ 30% des terres émergées tout au long de l’écharpe aride qui va de l’Afrique à l’Asie, de la Mauritanie à la Chine. Dans ces territoires aux conditions hostiles, les oasiens ont su développer des techniques de gestion des ressources naturelles, en particulier l’eau, permettant une production agricole conséquente. La création par l’homme des oasis grâce à « l’effet oasis » et l’occupation évolutive du territoire permettant l’extension des surfaces de culture les années de pluies, sont des éléments d’ingénierie agronomique tout à fait significatifs. Pour les régions arides, les oasis constituent aussi de vrais pôles de fixation des populations sur de grands espaces et disposent de potentiels de développement bâtis sur de véritables capacités d’adaptation à des conditions climatiques difficiles. Tout au long des siècles, les populations ont su s’adapter aux contraintes du milieu et constituer des savoir-faire inscrits dans la culture locale ainsi qu’un patrimoine génétique indispensable aux futurs enjeux du changement climatique. Dans ces régions, reconnues comme à « haut risque » par le GIEC en termes d’impact du changement climatique, les oasis sont par ailleurs des zones de production agricoles très intensives et sont aussi un relais pour les éleveurs nomades ou semi-nomades dont le cheptel des zones arides constitue 50% des ressources mondiales. Tout cela contribue à une sécurité alimentaire localisée. Le maintien des oasis en zone hyper aride est par conséquent la garantie du maintien du développement d’une partie de la sécurité alimentaire non substituable par d’autres systèmes de production dans ce milieu. On considère que ces écosystèmes oasiens constituent une partie de la solution à l’adaptation au changement climatique tout en contribuant à la lutte contre la pauvreté.
La capacité de résilience des oasis. L’existence des oasis à travers les siècles révèle un savoir-faire de l’adaptation aux variations climatiques à plusieurs égards, en particulier via des capacités d’organisation sociale et économique qui ont intégré les contraintes de gestion des ressources naturelles comme l’eau en milieu aride. A la lisière des déserts hyperarides, ces oasis participent de surcroît au maintien d’espaces de transition qui constituent des zones tampons. L’évolution de ce « pré-Sahara » constitue un indicateur de la relation entre les déserts et les régions plus ou moins humides. Le maintien des oasis est essentiel dans l’entretien et la réhabilitation de cet espace qui affiche à travers le monde des tendances à la dégradation.
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