Le rapport du GIEC est sans équivoque : il faut agir vite

GIEC

Un tableau toujours plus sombre

 Plus de 900 scientifiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) ont envoyé un avertissement mêlé de reproches et de suggestions aux gouvernements du monde en publiant, le dimanche 2 novembre 2014, la synthèse finale de leur cinquième rapport sur le changement climatique.

Le document confirme la réalité des bouleversements climatiques provoqués par une hausse sans freins de la température. En effet, la température moyenne connaît une hausse significative, le niveau des océans augmente et ceux-ci s’acidifient, les événements climatiques extrêmes sont de plus en plus nombreux, la banquise de l’Arctique continue de fondre et les rendements agricoles reculent. La sécurité alimentaire de millions d’êtres humains est alors menacée, les ressources d’eau potable risquent d’être réduites, des populations entières seront forcées de migrer et les conflits pour l’accès aux ressources se multiplieront.

Le document confirme également la gravité de la situation et souligne la responsabilité des Etats dans la réponse à donner pour limiter le réchauffement climatique à un niveau supportable pour la Planète. Cette synthèse devrait être un guide pour les gouvernants pour sceller un accord mondial contre le changement climatique à Paris en 2015.

L’inaction ne serait plus envisageable

Le document, rédigé dans un langage accessible, constitue un diagnostic accepté au plus haut niveau politique, à partir duquel les pays signataires de la Convention des Nations unies sur le changement climatique s’engagent à agir pour « stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère à un niveau qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse du système climatique », comme le prévoit le texte de la convention adoptée en 1992.

Le GIEC ne cesse, depuis vingt-cinq ans, de mettre en garde les gouvernements. A la sortie de chaque nouveau rapport, les avertissements des scientifiques sont toujours très précis et irréfutables. A la sortie des premiers rapports, il y avait encore quelques doutes sur la responsabilité humaine dans le phénomène du réchauffement climatique. Mais aujourd’hui, le 5ème rapport du GIEC fixe le niveau de certitude de la responsabilité humaine à 95%. Ne pas agir serait fuir sa responsabilité et ne pourrait être une option envisageable au regard de la raison.

Il n’est pas encore trop tard pour agir

Les scientifiques du GIEC ne se contentent pas seulement d’accabler les gouvernants pour leur aveuglement, mais ils insistent qu’il faut absolument maintenir le réchauffement climatique en-dessous du seuil convenu de 2°C. Ils rappellent aux gouvernements qu’il est encore possible d’y arriver à condition que ceux-ci mettent tout en œuvre pour réduire à zéro les émissions de GES d’ici la fin du siècle. Pour la première fois, le rapport impose un « budget carbone » strict aux gouvernements, dont les deux tiers seraient déjà épuisés. Pour éviter les conséquences désastreuses engendrées par le changement climatique, les gouvernements doivent agir maintenant sans attendre. Mais en quoi faisant ? En accélérant la transition énergétique et en éliminant progressivement les combustibles fossiles à 100%.

Il faut opérer un virage radical vers les énergies renouvelables

Selon les scientifiques, il faudrait réduire sensiblement et sans attendre les émissions mondiales. « Les scénarios susceptibles de maintenir le réchauffement sous les deux degrés Celsius sont caractérisés par une réduction de 40 à 70% des émissions de GES d’ici 2050, proche des niveaux de 2010, et des émissions proches de zéro en 2100 », précise le rapport. Éviter le pire impliquerait d’opérer rapidement un virage sans précédent dans l’histoire de l’économie mondiale vers le déploiement des énergies renouvelables. Une telle transition énergétique est possible et ne nuirait pas pour autant à la croissance de l’économie mondiale, estiment les experts.

Des efforts « ambitieux » de réduction de GES n’aurait qu’un impact marginal sur l’économie, de l’ordre de 0,06 %, pour une croissance mondiale annuelle estimée entre 1,6 à 3,0%. Au même moment, le développement d’un secteur renouvelable allègerait les coûts associés et inciterait les entreprises à créer davantage des emplois tout en atténuant les effets dévastateurs sur la santé des populations ressentis sur toute la planète. Retarder l’action climatique coûtera plus cher et sera moins efficace, car les changements produiront de plus en plus d’effets sévères et irréversibles sur les sociétés humaines et les écosystèmes. « Plus nous attendons pour agir, plus ce sera coûteux ».

 

Joseph Yaovi Kogbe, coordonnateur du RC&D
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