Le Réseau Climat & Développement (RC&D) a participé à la 20è Conférence des Parties à la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (COP20) tenue à Lima du 1er au 13 décembre 2014. La COP20 étant la dernière étape avant la grande conférence sur le climat qui se tiendra à Paris en décembre 2015, le RC&D a nourri des attentes qui n’ont pas été comblées.
Les attentes du RC&D de la COP20
Les résultats que le RC&D attendait de la COP20 peuvent être résumés en quatre points importants :
1. La COP20 devait enclencher un tournant absolu vers les énergies renouvelables. Pour le RC&D, les pays devaient, dès Lima, accélérer leurs efforts de réduction d’émissions, notamment en investissant massivement dans les énergies renouvelables ; et ceci sans attendre l’accord de Paris. L’accord de Lima devait se fixer comme objectif principal la suppression progressive de toutes les subventions, directes et indirectes, aux énergies fossiles pour les diriger vers 100% d’énergies renouvelables ainsi qu’un accès énergétique pour tous en 2050 au plus tard. Enfin, la COP devait décider des piliers et principes-clé de l’accord qui sera adopté à Paris en 2015 et par conséquent y transcrire cet objectif d’une transition juste vers une économie à 0% de fossiles et 100% renouvelables en 2050.
2. La COP20 devait renforcer la place de l’adaptation et des pertes et dommages. Le 5ème rapport du GIEC a révélé que les limites de l’adaptation étaient en passe d’être atteintes. Les besoins en termes d’adaptation et de pertes et dommages seront en augmentation, notamment en raison de la faiblesse des engagements en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Pour cela, la COP20 devait renforcer la place de l’adaptation et des pertes et dommages en précisant que 50% des financements publics soient alloués à l’adaptation et fixer une augmentation progressive des financements publics adéquats pour l’adaptation jusqu’à 2020 et après.
3. La COP20 devait sécuriser plus de financements climat pour les plus pauvres. Il était particulièrement important de réaliser des avancées significatives en termes d’augmentation des fonds consacrés à la lutte contre les changements climatiques. Mais le RC&D attendait de la COP qu’elle aboutisse à de fermes garanties financières d’ici 2020 et après 2020. Il s’agissait d’une part d’adopter une feuille de route globale des financements d’ici à 2020 qui devait permettre de renforcer la prévisibilité et l’augmentation progressive des financements publics, ainsi que d’identifier le type de financement, leurs sources et leur allocation entre atténuation et adaptation. D’autre part, la COP devait déboucher sur des principes solides pour le volet financier de l’accord de Paris, avec des objectifs globaux en matière de financements publics et un accord pour étudier et mettre en œuvre de nouveaux instruments, canaux et sources permettant de mobiliser des financements climat additionnels.
4. La COP20 devait adopter plus de sauvegardes sociales et environnementales. Le dernier rapport du GIEC rappelle que les changements climatiques ont un impact sur l’environnement mondial qui affecte directement les être humains. En 2010, la décision de Cancun énonce que « les Parties devraient pleinement respecter les droits de l’homme dans toutes les mesures ayant trait aux changements climatiques ». La COP20 devait renforcer la prise en compte des engagements en matière de respect des droits de l’homme et de garanties sociales et environnementales en lançant un programme de travail sur les droits de l’homme pour que ces derniers soient intégrés dans tous les aspects des actions climatiques.
Analyse des résultats obtenus à Lima
Pour préparer l’accord mondial sur le climat attendu à Paris en décembre 2015, il fallait une feuille de route commune à tous les pays pour 2015. Tel était le but de la conférence de Lima. Après plus de deux semaines de discussions intenses, les Parties à la CCNUCC ont finalement trouvé un accord. Elles ont réussi à dépasser leurs clivages, mais, en chemin, elles ont abandonné certains points importants, introduit quelques subtilités, qui au final ont affaibli le texte initial. Le texte adopté à Lima fait 4 pages (plus une annexe détaillée reprenant le document de travail qui pose les options possibles pour l’accord de Paris) et revient sur des engagements, mais avec peu de contraintes pour permettre de poser les fondations nécessaires à l’accord attendu à Paris.
Les principaux enjeux de la COP de Lima sont restés sans réponse, notamment :
- Les mesures immédiates pour poser les bases d’un accord de Paris à même d’éviter un réchauffement de plus de 2°C n’ont pas été prises. Les négociations de Lima n’ont pas créé la dynamique nécessaire pour transformer les beaux discours en investissements, politiques et mesures.
- Les règles claires sur le contenu des futurs engagements des gouvernements dans l’accord de Paris, qui devront être communiqués début 2015, n’ont pas été définies. Lima ne donne pas les outils pour juger si les futurs engagements des pays seront compatibles aux recommandations scientifiques. Les pays devaient soumettre leurs contributions au 31 mars 2015, avec une date limite courant mai. Malheureusement, dans le texte validé in fine, le rendu des copies a été reporté au 1er octobre 2015, une date tardive pour exiger des clarifications ou des améliorations.
- Aucune feuille de route claire n’a été définie sur comment les pays développés comptent atteindre les 100 milliards $US par an d’ici 2020 ni sur les financements qui seront disponibles après 2020. Les 10 milliards de contributions au Fonds Vert promis par les pays industrialisés entre 2015 et 2018 ont envoyé un signal politique important. Mais ces ont pensé que cela les dispensait de tenir leur engagement de mobiliser 100 milliards $US par an d’ici 2020.
- Aucune obligation pour améliorer les actions sur la période pré-2020 (2015-2020), même si l’engagement est rappelé et encouragé dans le texte, avec une série d’événements pour y travailler.
La route va être longue d’ici la COP21 si on ne veut pas terminer dans un monde qui se réchauffe de 4°C et devient invivable pour des continents entiers. Mais, il n’est pas trop tard, il nous reste encore quelques mois pour rattraper le retard. Enfin, le retour sur la COP20 de Lima permet de rappeler qu’au-delà des négociations internationales, il est crucial que les gouvernements prennent les bonnes décisions, à niveau national et régional, pour répondre à la crise climatique et enclencher la transition vers un développement résilient et sobre en carbone et en énergie