Le tout dernier rapport du Réseau Climat & Développement s’appelle Intégrer les contraintes climatiques et énergétiques dans les pratiques de développement: de la bonne pratique à la politique publique.
Selon les rapports publiés par la Banque Mondiale en juin 2013 et par le GIEC en septembre 2013, la planète devra faire face à une sévérité sans précédent des impacts des changements climatiques. Certaines régions du monde, l’Afrique notamment, sont déjà particulièrement vulnérables et le seront encore plus. L’inaction de la communauté internationale nous place sur une trajectoire de réchauffement de près de 4°C d’ici 2100 – un scénario catastrophique pour la survie du continent africain et de ses populations (pertes agricoles massives, en particulier de bétail, stress hydrique, épidémies sanitaires, famines, démultiplication des conflits). Selon le rapport de la Banque Mondiale, un réchauffement (probable) de seulement 1,5°C pourrait déjà dégrader 40% des superficies actuellement consacrées à la production du maïs en Afrique Sub-saharienne d’ici 2030 et nuire sensiblement aux capacités de production du sorgho dans l’ouest du Sahel et en Afrique australe.
Pour faire face aux impacts d’un réchauffement désormais inévitable, il est urgent de planifier la lutte afin de maîtriser ses impacts et ses causes. Il est urgent d’éviter de mettre en place des politiques inadaptées aux impacts actuels et futurs des changements climatiques ou vulnérables à la raréfaction des énergies fossiles. Dès aujourd’hui, la planification de développement doit tenir compte et anticiper les contraintes imposées par les crises climatique et énergétique si elle veut être durable et répondre aux préoccupations légitimes des populations.
Face à ce constat, le Réseau Climat & Développement œuvre pour la promotion et la transformation progressive des projets réussis et innovants en politiques publiques locales et nationales intégrant climat et développement, quand ils réunissent les conditions idéales à leur réplication à d’autres contextes et échelles. Diverses bonnes pratiques ont été recueillies pour illustrer les multiples opportunités d’associer et d’intégrer le développement et les changements climatiques de manière concrète.
Malheureusement, trop souvent, la société civile constate l’absence de prise en compte des contraintes climatiques et énergétiques dans les politiques publiques nationales et locales, et la plupart des bonnes pratiques restent au stade de projets. Face à ce constat, le RC&D a lancé un appel – en avril 2013 à Conakry – aux décideurs locaux et nationaux – pour l’adoption de principes qui permettraient d’agencer les politiques existantes de manière cohérente, en y intégrant la vulnérabilité climatique et énergétique, et ceci en s’appuyant sur les bonnes pratiques qui existent dans les pays. Il s’agit de (i) faire de l’adaptation une exigence transversale pour l’ensemble des politiques et projets de développement, (ii) améliorer la gestion et la préservation des ressources naturelles sous contrainte climatique, (iii) améliorer l’efficacité énergétique et développer les énergies renouvelables, et (iv) planifier efficacement l’adaptation aux changements climatiques et la contrainte énergétique. Le RC&D reste convaincu que c’est en planifiant l’adaptation et la sobriété énergétique que les décideurs politiques lutteront plus efficacement contre les changements climatiques tout en oeuvrant pour le développement durable des communautés les plus pauvres et vulnérables.
Entre 2013 et 2015, le Réseau, fort de ses 73 membres, se propose de poursuivre la construction de sa vision d’un développement sous contrainte climatique et énergétique pour alimenter les débats sur le cadre à promouvoir pour Objectifs du Millénaire pour le Développement après 2015. Cette vision part du constat que les politiques de développement existantes ne tiennent pas toujours compte des impacts actuels et futurs des changements climatiques ni de la contrainte énergétique qui pèseront de plus en plus sur les pays du Nord comme du Sud. Pire, de nombreuses politiques de développement contribuent aux changements climatiques ou à ancrer un modèle énergétique non-soutenable à long terme. La vision du RC&D posera donc les bases permettant d’articuler les conditions et les modalités nécessaires pour un développement sobre en carbone et résilient aux impacts des changements climatiques.