Affectant le plus sévèrement les personnes les moins responsables des émissions de gaz à effet de serre et dotées de moyens limités pour s’y adapter, les changements climatiques constituent l’une des principales injustices sociales de notre époque. De plus en plus de voix s’élèvent pour affirmer que les impacts des changements climatiques représentent une menace majeure pour les droits humains, et en particulier pour les personnes vivant déjà dans la pauvreté. Or, selon des études de la Banque Mondiale, du PNUD et de la FAO de 2011, deux tiers des personnes les plus pauvres de la planète sont des femmes.
Le fait d’être un homme ou une femme constitue souvent un facteur décisif pour déterminer le niveau de risque auquel une personne est confrontée face aux chocs climatiques extrêmes, et aux modifications de l’environnement et de l’économie. Les moyens de subsistance des femmes dépendent en grande partie des ressources naturelles (l’eau4, les produits de la forêt, l’agriculture) fortement tributaires des aléas climatiques. Les impacts des changements climatiques (dégradation des terres et des forêts, baisse des rendements, etc.) conduisent à la raréfaction des ressources rendant plus difficiles les activités menées par les femmes.
Par ailleurs, les ressources et les options dont disposent les individus pour répondre à ces chocs et changements sont également fortement dépendantes des normes et attentes sociales liées au genre. L’accès des femmes aux ressources économiques et productives et leur contrôle limité de ces dernières mais aussi les obstacles rencontrés dans l’exercice de leurs droits constituent des difficultés supplémentaires pour s’adapter aux changements climatiques. Ainsi, alors que les femmes sont à l’origine d’environ 60% à 80%5 de la production alimentaire dans les pays en développement, elles ne détiennent que 10 à 20% des titres fonciers. Dans la plupart des pays, la part des petites propriétaires terriennes qui peuvent accéder au crédit est de 5 à 10 points de pourcentage inférieur à celui des petits propriétaires terriens. Sur 141 pays, 103 maintiennent des différences juridiques en termes d’opportunités économiques, y compris l’accès au crédit, entre les hommes et les femmes.
Si les femmes et les filles sont plus affectées par les changements climatiques que les hommes et les garçons, elles jouent aussi un rôle essentiel dans la lutte contre les changements climatiques en apportant des solutions concrètes, en premier lieu à l’échelle communautaire grâce à leurs connaissances, expériences et savoir-faire. Elles jouent en effet un rôle clé afin d’assurer la sécurité alimentaire et les moyens d’existence pour leurs familles et les communautés, grâce à leur gestion de l’économie domestique (ressources disponibles et pouvoir d’achat) et des ressources naturelles, leur capacité à générer des revenus et leur participation à de nombreuses institutions socioculturelles, politico-économique et de protection de l’environnement à travers des groupements et associations.
La prise en compte du genre dans la question climatique renvoie à l’intégration de l’objectif d’égalité femmes-hommes dans l’ensemble des politiques environnementales, économiques, sociales et à la participation équitable de l’ensemble des acteurs aux processus de décision, d’élaboration, de mise en oeuvre et de suivi-évaluation des politiques. Il y a eu des progrès sur l’intégration du genre dans les politiques de changements climatiques, mais d’importantes lacunes demeurent.
Pourquoi les femmes sont-elles plus affectées par les impacts des changements climatiques et comment ceci se traduit-il dans l’agriculture, la sécurité alimentaire ou l’accès à l’énergie ? Dans quelle mesure cons.tituent-elles une partie essentielle des solutions ? Comment le genre est-il pris en compte à l’agenda climatique dans les négociations internationales ? Quels sont les recommandations de la société civile ?
Pour en savoir plus, consulter en ligne ou télécharger la Note de décryptage du RC&D sur genre et climat.