Les droits humains sont menacés par les changements climatiques…
Le changement climatique constitue une menace pour les droits des populations, et en particulier de certaines catégories déjà très vulnérables, comme les femmes, les populations autochtones, les agriculteurs pauvres ou les habitants des sociétés traditionnelles. Ces acteurs sont par essence au plus près de leur environnement, et doivent leur survie à la production et la préservation des ressources naturelles. Les conséquences des changements climatiques fragilisent voire remettent en cause l’accès à des services essentiels comme l’eau, l’alimentation ou la santé. En ce sens, les dérèglements climatiques sont une menace grandissante pour le respect des droits humains, parce qu’ils menacent la paix, mais aussi le droit au développement des communautés pauvres. Ils provoquent des conflits intercommunautaires et parfois inter-étatiques. Ainsi, les conflits autour de la rareté de l’eau et de l’insécurité alimentaire dans le Sahel font de nombreuses victimes et génèrent des réfugiés climatiques, sans compter les conflits entre cultivateurs et éleveurs qui parfois deviennent source de déstabilisation politique des Etats.
Par ailleurs, le manque d’ambition globale actuelle en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre a un impact direct sur les besoins en termes d’adaptation aux changements climatiques et de pertes et dommages, c’est-à-dire de préjudices subis en raison du changement climatique et ne pouvant pas être évités par des efforts d’atténuation ou d’adaptation.
… mais aussi par plusieurs projets et internationaux, y compris certains présentés comme des « solutions »
En outre, certains projets et investissements internationaux ayant des impacts sur le climat dans les pays en développement créent des risques sociaux et environnementaux graves pour les communautés locales et les peuples autochtones. On constate de nombreux cas de violation des droits fonciers, des droits humains et de dégradation environnementale liés aux projets miniers ou forestiers par exemple. Par ailleurs, certains projets présentés comme des solutions à l’urgence climatique sont en fait source de problèmes sociaux, sanitaires et alimentaires pour les populations – c’est le par exemple cas de la politique de développement des agro-carburants qui se traduit par un accaparement des terres agricoles destinées à la production vivrière, ou des projets de grands barrages pour la production d’électricité « propre » qui exproprient et privent de leurs terres les communautés locales. Il est donc crucial de renforcer la prise en compte des droits humains et les sauvegardes sociales et environnementales dans les politiques et mesures de lutte contre le changement climatique.
L’accord de Paris doit adopter une approche basée sur les droits humains
Le Réseau Climat & Développement, à l’instar de nombreuses organisations de la société civile, plaide ainsi pour que le texte de l’accord mondial qui doit être adopté à Paris en décembre 2015 à l’occasion de la COP21 adopte une approche basée sur les droits humains. Ceci consiste notamment à partir du droit, qui est opposable, et non pas du besoin, et à créer un mécanisme indépendant qui permettent de déposer des plaintes, garantisse la protection des droits et permettent une réparation à hauteur des dégâts engendrés le cas échéant. Il s’agit également de prioriser, parmi différents options possibles, celles qui ne renforcent pas la vulnérabilité des communautés mais au contraire préservent leurs droits.
Pour en savoir plus sur les questions liées au Droits Humains et au climat et découvrir les recommandations du RC&D en la matière, consulter en ligne ou télécharger la Note de décryptage du RC&D sur droits humains et climat.