Le RC&D était présent en force à Doha, du 26 novembre au 8 décembre 2012, pour partager ses réflexions, analyser et relayer les évolutions de la COP18 auprès de lasociété civile francophone et auprès des délégations nationales.
Les changements climatiques continuent d’être au centre des préoccupations internationales actuelles vu les phénomènes extrêmes qui se produisent entraînant la famine et la désolation aux quatre coins du globe, et au sud comme au nord. Les Etats Unis, la Russie et l’Ukraine ont subi des sècheresses sans précèdent et ont perdu une grosse partie de leurs stocks de grains. La corne de l’Afrique est en prise à une insécurité alimentaire quasi-structurelle et accentuée par les sécheresses à répétition. La zone sahélienne subit une crise alimentaire alarmante qui frappe dix-huit millions de personnes, crise alimentaire qui pourrait devenir mondiale en 2013 selon les récentes prédictions de la FAO.
Et pourtant, « l’accord » obtenu à Durban nous place sur une trajectoire de réchauffement de 3,5 à 6°C ! Face à l’urgence de l’action, les pays n’ont fait preuve d’aucune ambition supplémentaire dans les négociations internationales sur le changement climatique. Au contraire, ils opèrent un retour en arrière et ferment les yeux sur les évènements extrêmes. La décision prise à Durban lance un nouveau cycle de négociation pour un accord attendu non plus en 2012, mais d’ici 2015 avec une entrée en vigueur en 2020 ! La plateforme de Durban qui doit négocier cet accord global, tant attendu et qui fût arraché aux dernières heures de la Conférence des Parties, entretient un espoir lointain au moment où nous avons le plus besoin d’actions. Pendant ce temps-là, la menace climatique pèse lourdement sur les Etats insulaires et les pays pauvres les plus vulnérables. Pour nous, cela est inacceptable.
L’année 2012 a vu la relance d’un nouveau cycle de négociation et d’une nouvelle dynamique de négociation qui tient autant compte des responsabilités communes mais différenciées que des capacités respectives des Parties. Au risque de créer un enlisement en début de négociation, ces principes vont construire le futur accord. Les accords adoptés à Durban ont ouvert une petite fenêtre d’opportunité pour replacer la planète sur une trajectoire de réchauffement acceptable. Mais cette fenêtre se refermera si nous ne posons pas les premiers jalons dès Doha pour relever l’ambition globale et maintenir le réchauffement sous un seuil acceptable pour les communautés les plus vulnérables.
Colette Benoudji de LEAD Tchad nous explique pourquoi il faut continuer à croire dans les négociations internationales
Les propositions du Réseau à Doha
La COP doit impérativement déboucher sur un amendement au Protocole de Kyoto sécurisant une 2ème période d’engagem
ent avec des objectifs clairs, contraignants et comparables pour l’ensemble des Pays Annexe I (d’au moins 45% d’ici à 2020 par rapport aux niveaux de 1990), des engagements financiers publics et substantiels jusqu’à atteindre 100 milliards de dollars par an en 2020. Nous attendons beaucoup de la Conférence de Doha et refuserons de rentrer du Qatar perdus entre promesses et bonnes intentions.
Pour en savoir plus sur nos recommandations sur financements, agriculture, adaptation, REDD et Kyoto, téléchargez notre Note de position COP18
Pour aller plus loin
Quels financements climat entre 2013 et 2020?
Interpellation par le RC&D des ministres de l’Environnement à Doha
Mesdames, Messieurs les Ministres,
Doha accueille depuis le 26 Novembre la 18e Conférence des Parties (COP-18) à la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) et la 8e Conférence des Parties Siégeant en tant que Réunion des Parties au Protocole de Kyoto.
Le changement climatique s’accélère et s’aggrave pour nos communautés en Afrique
Le sommet s’est ouvert alors que les évènements extrêmes liés aux changements climatiques se démultiplient au Nord comme au Sud : inondations et sécheresses se succédent et affectent un peu plus chaque jour les conditions de vie des communautés déjà très vulnérables.
Alors que la Banque Mondiale a prédit dernièrement un réchauffement de 4 degrés des températures moyennes de la terre dès 2060 au lieu des 2°C inscrits dans les objectifs internationaux et selon le protocole de Kyoto, ces 2°C sont un seuil limite au delà duquel le climat pourrait s’emballer avec des conséquences incalculables.
Une question d’(in)justice climatique
Et pourtant, les pays développés viennent à Doha les mains vides : sans l’intention d’agir réellement avant 2020, sans l’intention de renforcer leurs objectifs de réduction d’émissions de CO2, sans l’intention pour certains de se réengager dans le protocole de Kyoto et sans enagements financiers pour prendre la suite des financements précoces qui se terminent cette année. Les associations réunies au sein du Réseau Climat & Développement unissent leurs voix pour crier leur colère aux négociateurs des pays développés qui ferment les yeux sur cette injustice climatique qui met en danger la survie de nombreuses communautés.
Nos négociateurs on tenu bon cette première semaine et essuyé de longs et houleux débats pour défendre les intérêts des plus vulnérables, pour renforcer l’intégrité environnementale du Protocole de Kyoto, et pour empêcher les Etats pollueurs d’échapper à leurs responsabilités. Mais de nombreuses questions sont déjà renvoyées aux Ministres.
Maintenant c’est au tours des Ministres de prendre le relais !
Mesdames et Messieurs les Ministres, nous avons plus que jamais besoin de vous pour défendre nos intérêts en tant que citoyens africains. Pour obtenir que les pays développés accroissent leurs engagements en matière de financements publics dès 2012, notamment pour l’adaptation et proposent un plan d’action pour mobiliser jusqu’à 100 milliards $ d’ici 2020. Pour refuser une deuxième période sous le Protocole de Kyoto qui ne permette pas de renforcer l’ambition et pour exiger des objectifs de réduction comparables de la part de l’ensemble des pays développés.
Mesdames Messieurs les Ministres et Chefs de délégations, il est temps d’accélérer cette négociation qui dure depuis trop longtemps. Le sommet à Doha n’est pas un sommet pour rien, au contraire, il peut poser des jalons essentiels pour le devenir de notre continent. En venant ici exprimer vos préoccupations et imposer vos conditions, vous aiderez à relever l’ambition de ce sommet et garantirait qu’il ne s’agit pas d’une réunion de plus ou de trop.
Nous avons plus que jamais besoin de votre engagement politique pour tirer la négociation vers le haut, rappeler à la communauté internationale ce pour quoi on négocie et obliger les pays à prendre leurs responsabilités.
C’est toute l’Afrique qui compte sur vous pour prendre la parole à Doha afin d’exprimer sa colère mais aussi son désir d’avancer dans cette négociation internationale.