Une tribune du Réseau Climat & Développement dans Jeune Afrique
17 septembre 2014
Le 23 septembre prochain, les chefs d’États et de gouvernements du Nord et du sud convergeront vers New York pour participer au sommet organisé à l’initiative du Secrétaire général des Nations unies Ban Ki-Moon sur les changements climatiques. L’objectif : marquer leur engagement à sceller un accord à Paris fin 2015. Mais cet engagement ne sera sérieux que s’il pose et répond à la question de l’accès pour tous aux énergies renouvelables, y compris en Afrique.
Pas de développement durable sans énergies renouvelables. Le continent africain ne représente aujourd’hui que 6% de la consommation énergétique mondiale. Cette année encore, 70% de la population en Afrique subsaharienne n’a toujours pas accès à l’électricité et cuisine au bois de chauffe. Elle est vulnérable aux maladies induites par la pollution de l’air intérieur et ne peut combattre la pauvreté. Paradoxe, alors même qu’un énorme potentiel en efficacité énergétique et en énergies renouvelables, abordables pour les ménages, et sans impact sur le changement climatique existent, l’Afrique continue de dépendre des énergies les plus rares et chères qui plombent d’année en année l’économie de ces pays déjà pauvres.
70% de la population en Afrique subsaharienne n’a toujours pas accès à l’électricité.
Le potentiel existe, les initiatives et alternatives renouvelables fusent, le mouvement en faveur des énergies renouvelables est lancé. Les politiques régionales et programmes nationaux foisonnent et promeuvent les lampes à basse consommation, la méthanisation, les équipements solaires. Les foyers améliorés sont presque devenus la norme en Afrique de l’Ouest ; le potentiel hydroélectrique en Afrique centrale est énorme et sous-exploité. Ces initiatives s’inscrivent dans l’objectif fixé par les Nations unies de fournir un accès à l’énergie pour tous d’ici 2030 et de doubler à la fois l’efficacité énergétique et la part des énergies renouvelables dans le bouquet énergétique mondial. Cet objectif est non seulement atteignable mais désirable : le prix de la technologie solaire a chuté de -80%; 5,7 millions d’individus travaillent déjà dans le secteur des renouvelables ; 22% de l’électricité dans le monde est renouvelable en 2012. En Afrique, ce sera créateur d’emplois et d’économie locale, et générateur de revenus, d’éducation, de production alimentaire, de systèmes de santé de meilleure qualité, et favorable à l’émancipation des femmes. Seulement, la volonté politique affirmée, les technologies adaptées et les financements font encore trop souvent défaut.
Les clés du succès existent mais il faut y investir massivement et rapidement. Dans tous les pays, les acteurs de terrain portent des solutions locales et adaptées qui luttent à la fois contre les changements climatiques et la pauvreté. En Afrique francophone, ils sont de plus en plus nombreux à se mobiliser pour la mise en œuvre en Côte d’Ivoire des politiques adoptées par l’agence régionale des énergies renouvelables, pour le déploiement des foyers améliorés adaptés aux populations les plus démunies du Mali et pour la construction de microcentrales hydroélectriques dans les zones rurales du Cameroun. Le potentiel est là, l’Afrique est riche en ressources énergétiques renouvelables, mais la poussière de charbon continue d’aveugler les investisseurs.
Nous, citoyens africains, pouvons changer la donne en tournant le dos aux énergies fossiles.
Ensemble, osons relever le défi des énergies renouvelables ! De plus en plus d’organisations de la société civile se battent pour l’accès à l’énergie renouvelable pour tous. Nous, citoyens africains, pouvons changer la donne en tournant le dos aux énergies fossiles et en faisant le choix des énergies économes et renouvelables. Vous, gouvernants africains, pouvez montrer l’exemple et changer la donne en déployant des programmes, projets, pour le développement des énergies renouvelables et d’efficacité énergétique pour les plus démunis, en vous inspirant des bonnes pratiques et projets qui existent déjà dans vos pays, et en demandant un soutien international pour y arriver.
Du sommet de Ban Ki Moon sur le climat à la conférence de Paris en décembre 2015, il est urgent de déployer tous les efforts – du local à l’international – pour lutter contre la pauvreté énergétique et contre le changement climatique par la promotion des énergies renouvelables.
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