Des citoyens du monde entier haussent le ton avant la Conférence climat

Plusieurs membres du Réseau Climat & Développement ont participé au World Wide Views on Climate and Energy, un débat citoyen sur le climat en vue de la COP21. Retrouvez dans cet article le témoignage d’un membre du RC&D, Claude Iluta, de l’ONG ACDI.

Consulter l’article de France 24 Des citoyens du monde entier haussent le ton avant la Conférence climat.

7 juin 2015, Article de Alexandre CAPRON

Plus de 10 000 citoyens dans 83 pays ont participé simultanément via Internet à un débat citoyen sur le climat en vue de la COP21. Un exercice de démocratie participative mondiale inédite pour faire pression sur les chefs d’État.

16h45, le 6 juin 2015 dans une salle du ministère de l’Écologie. Les visages d’Abderrahmane et Mayouna, deux Mauritaniens, apparaissent dans leur petite lucarne Skype sur les écrans d’ordinateur. « Ici c’est génial, on parle de choses sérieuses tout en s’enrichissant mutuellement ! », s’exclament-ils. Les deux coordonnateurs ont réuni vendredi plus de 100 personnes à Nouakchott pour discuter des impacts du changement climatique en Mauritanie, ravis de prendre part à une initiative de démocratie citoyenne innovante.

Car Aberrahmane et Mayouna ne sont pas les seuls à donner leur avis. Ils sont plus de 10 000 citoyens dans 83 pays à participer simultanément à ce débat à travers le monde. L’objectif final : transmettre des recommandations venant de la part des citoyens lambda aux grandes puissances qui se réuniront le 30 novembre à Paris pour la COP21, temps fort du quinquennat de François Hollande.

« Les citoyens ont besoin qu’on les écoute, que leur message soit porté auprès des grands de ce monde », explique Mayouna devant plusieurs experts parisiens. La connexion Internet est parfois hasardeuse, le son mauvais, mais l’ambiance est bon enfant.

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Instantané des préoccupations citoyennes

Le principe est le même sur les cinq continents : 100 personnes reflétant la réalité socio-démographique du pays participent à des tables rondes et votent pour donner des recommandations sur plusieurs questions : « Les accords doivent ils être contraignants ? », « Quel financement pour les pays en développement ? » ou encore « Quels types d’énergie veut-on favoriser ? ». Les résultats une fois compilés sont disponibles pour chaque pays en temps réel sur Internet. D’une ampleur inédite, la consultation veut proposer un instantané des préoccupations des citoyens du monde sur les questions du climat et de l’énergie.

« Le citoyen n’est pas associé aux discussions de la COP21. Il y a bien des ONG qui participent au débat à la COP21, mais sont elles représentatives ? », s’interroge Christian Leyrit, le président de la Commission nationale du débat public, un des organisateurs du débat en France.

« L’Afrique a un rôle majeur à jouer dans ces débats citoyens »

Dans le quartier général parisien, au siège du ministère de l’Ecologie, principal initiateur de cette initiative de démocratie citoyenne, les résultats des consultations dans chaque pays défilent en temps réel sur un écran. Au Tchad, 85 % des citoyens sondés se disent inquiets des effets des changements climatiques. Autre exemple : 62 % des Tunisiens estiment que les défis du changement climatiques sont une opportunité pour changer les modes de vie.

Sur les 83 pays participants, 32 se trouvent sur le continent africain. Pas anodin quand on énumère les impacts liés au climat : la baisse de la production des fruits dans le Sahel, la propagation du paludisme dans les hautes terres du Kenya, ou encore la baisse de la production de poisson dans la région des Grands lacs.

Pour Claude Iluta, un des participants en République démocratique du Congo, « cette consultation donne beaucoup d’espoir aux participants, qui avaient au départ peu conscience des conséquences du réchauffement climatique, et notamment des problèmes qui touchent l’agriculture congolaise ou les questions de déboisement ». Selon lui, l’Afrique a un rôle important à jouer pour peser dans ce débat citoyen sur des questions « très peu portées par nos dirigeants, qui ne font pas de ces sujets une priorité ».

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« Impossible de faire sans les citoyens sur ces questions »

Les résultats définitifs ne seront présentés que mercredi à Bonn en Allemagne, mais les grandes tendances sont déjà visibles sur le site de l’événement : 80 % des sondés se disent par exemple « très concernés » par les effets du changement climatique, deux tiers des citoyens souhaitent que « la conférence de Paris prenne des mesures pour limiter un réchauffement de la température à deux degrés celsius », ou encore que les chefs d’État tranchent en faveur de davantage de subventions en faveur des énergies renouvelables (58 % des sondés).

Ces discussions citoyennes pourront elles vraiment être prises en compte ? « À l’heure ou des centaines de milliers de citoyens se sont réunis dans le monde pour manifester dans les rues pour le climat, le 21 septembre dernier, il n’est pas question d’éluder la parole du citoyen », affirme Christian Leyrit.

Mais pour que le travail porte ses fruits, « il va falloir trouver le bon équilibre entre ce qu’il y a de commun et ce que chaque pays a apporté en terme de réflexion différente », prévient le politologue Stéphane Rozes. À voir l’enthousiasme des participants, de Paris à Nouakchott, difficile pour les chefs d’État d’éluder ce tour de force logistique et cet exercice de démocratie participative internationale

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