La Problématique du financement climat est au cœur des négociations en cours en ce moment à Bonn. Le Président François Hollande hôte de la prochaine CCNUCC, la COP21 de Paris a dit qu’il ne peut avoir d’accord si la dimension financière ne trouve pas une équation acceptable de tous.
Eclaircir la feuille de route des 100 milliards de dollars par an d’ici 2020 n’est pas un exercice facile. Cette feuille de route ne doit pas être un simple exercice comptable et sa crédibilité est fonction de son contenu à démontrer que les financements seront majoritairement publics et prioriseront l’adaptation et à quel rythme, ils vont augmenter.
Ce fardeau de plus que sont les changements climatiques au développement classique présente des couts qui doivent être additionnels à l’aide publique au développement. Pour créer les conditions favorables à un accord de Paris, les pays développés doivent être en mesure de fournir des gages de respect de leurs engagements, essentielles pour renforcer la prévisibilité financière des pays en développement.
A Lima et après, la présidence Française de la COP21 ainsi que d’autres gouvernements des pays développés avaient reconnu la nécessité de faire des progrès sur la « feuille de route » des 100 milliards de dollars avant Paris 2015. Le Sommet Ban Ki Moon de septembre 2014 a été déclencheur d’un intérêt du monde des finances internationales et entreprises à l’évolution du climat.
Cette nouvelle énergie autour du respect de l’engagement sur les 100 milliards de dollars est la bienvenue. Mais les approches sont nombreuses et des acteurs de différents horizons s’y exercent.
Le World Ressources Institute et Oxfam sont deux organisations internationales spécialisées dans l’étude et l’analyse du phénomène des changements climatiques.
Le WRI propose une analyse à travers des voies et moyens qui selon lui peuvent aider à avancer les discussions sur l’objectif des 100 milliards et permettre aux négociateurs d’avoir un terrain d’entente. Cette analyse suggère que la combinaison de sources, couplé avec des flux accrus pour le public, sera probablement nécessaire pour atteindre l’objectif de 100 milliards.
L’exercice a identifié quatre scenarios qui combinent les finances climats des pays développés, les finances climats des banques multilatérales de développement, l’Aide publique au développement liée au climat et le secteur privé par effet de levier.
Scénario 1 : Les finances climats des pays développés seuls ne peuvent atteindre l’objectif des 100 milliards en 2020 à moins qu’il ne croisse à un taux annuel de 25%.
Scénario 2 : En ajoutant le financement du secteur privé par effet de levier aux finances climats des pays développés, l’objectif pourrait être atteint dans une projection de croissance élevée et un effet de levier élevé.
Scénario 3 : Une combinaison des finances climat des pays développés, finances climat des banques multilatérales de développement et d’un effet de levier du secteur privé à partir de ces deux sources pourrait répondre à l’objectif de 100 milliards de dollars à la condition d’une projection de croissance moyenne et d’un effet de levier moyen.
Scénario 4 : Une combinaison des finances climat des pays développés, des finances climats des banques multilatérales de développement, du secteur privé et de l’Aide Publique au Développement liée au climat pourrait atteindre 100 milliards de dollars avec un taux de croissance faible et de faible endettement.
Oxfam quant à lui reste convaincu que l’objectif des 100 milliards peut être atteint et seulement par des financements publics des pays développés sans nuire à leurs trésoreries. En reconnaissant que l’engagement de Copenhague se réfère à un mélange des sources publiques, privées et alternatives de financement, il est probable que les pays développés viseront à inclure le financement privé dans la feuille de route des 100 milliards de dollars. Cependant le minimum demandé par la justice et l’équité qui sont des principes essentiels de la CCNUCC est que les finances publiques devraient être majoritaires des 100 milliards de dollars et être objets d’augmentation significative dans le temps. Quant aux financements privés, un accord sur des critères raisonnables pour la comptabilité et la mobilisation par effet de levier est nécessaire.
Pour Oxfam cette croissance des financements publics doit provenir :
- Des financements additionnels prélevés sur des budgets annuels de l’Aide Publique au développement et ne devant pas être substitue à l’APD sans lien avec le climat. Que des garanties soient prises à l’occasion de la Conférence sur le financement du développement à Addis Ababa pour mettre fin au détournement de l’APD comme Financements climat
- Des financements additionnels à partir d’une gamme de sources innovantes, y compris les transactions financières, les impôts, les recettes provenant des marchés du carbone, la réorientation des subventions aux combustibles fossiles et les taxes sur les bunkers.
- Augmentation des flux de financement de banques multilatérales de développement, mais sous forme de prêts concessionnels, ils devraient être utilisés plutôt pour atténuer les effets néfastes des changements climatiques et non pour adaptation
- La feuille de route doit inclure la recapitalisation du fonds vert pour le climat en 2018
En dépit des difficultés économiques et politiques que traversent les pays développés l’analyse du WRI passe de travers aux yeux des acteurs de la société civile et des pays en développement. D’abord pour une question d’éthique parce que le WRI est un Think Thank de compromis alors que le sujet relève plus d’une question de justice et de vérité.
En deux le WRI ignore le déficit du financement de l’adaptation aux changements climatiques qui est la priorité des pays en développement et particulièrement ceux de l’Afrique et des Petits Etats Iles.
En trois cette analyse ne présente pas de mesures de suivi et de comptabilité. De même qu’il aurait été nécessaire dans un tel cas de savoir quelle part de contribution est allouée à chaque pays développe suivant une répartition équitable en fonction des capacités de nuisance.
En quatre la proposition du WRI est une source d’endettement continu des pays africains et une injustice flagrante du règlement de la facture du mal commis. Enfin, en aidant pas à trouver une solution au saupoudrage de l’APD, l’existence de ces nombreuses sources ne résout pas le caractère incohérent et la fragmentation des flux financier.